Mardi 30/06/2015
Batterie
Basse
Percussions
Saxophone ténor
Ginger Baker Jazz Confusion
Ginger Baker, un afro-jazz teigneux, vigoureux et sans concessions. Hargneux et rugueux, de l'afro-jazz joué par un vétéran du rock.
Il y a quelques décennies, au sein du trio de blues-rock psychédélique Cream puis du groupe Blind Faith, Ginger Baker était devenu le musicien emblématique des solos de batterie interminables. Mais il y a prescription : toujours batteur et désormais âgé de 74 ans, Ginger Baker joue du jazz. Mais pas du jazz à papa : visez cette gueule, son disque (le premier en seize ans) sonne pareil. Ginger Baker a fréquenté Fela et son batteur Tony Allen. Toute cette histoire s'entend dans son album. En formation réduite (saxophone, basse, percus), sur des thèmes classiques (« Why ? » reprend la mélodie centenaire du gospel « Wade in the Water »), Ginger Baker donne le tempo complexe d'un afro-jazz teigneux, vigoureux et sans concessions. Rien de révolutionnaire dans ce disque de rythmes aux pouvoirs vaudous, mais pas un gramme de graisse, de « bullshit » ni de nostalgie. (Stéphane Deschamps, Les Inrocks)
Ginger Baker, Charlie Watts, Mitch Mitchell, les amateurs de jazz bouclés dans leur culture exclusive peuvent les ignorer. Et pourtant. Ces trois Britanniques sont les batteurs rock des sixties les plus révérant à l'égard du jazz. Chacun a contribué à la puissance de son groupe : Ginger Baker (né en 1939) dans ce power trio forcené que fut Cream ; Charlie Watts (né en 1941) avec les Rolling Stones ; Mitch Mitchell avec The Jimi Hendrix Experience...
Le cas Ginger Baker est très différent : avec Cream, aux côtés d'Eric Clapton et de Jack Bruce, il fut un batteur sauvage. Le trio communiait avec l'énergique tuerie free, comme on peut le (re)découvrir, non sans stupeur, dans « Disraeli Gears » (1967). La conversion du batteur fou au world jazz date des années 1970 : il a vécu durant six ans au Nigeria, s'y est initié à fond aux subtilités des rythmes africains. « Why ? » résulte d'une tournée faite en 2013 avec le saxophoniste ténor funk Pee Wee Ellis, ex-membre de l'orchestre de James Brown, le contrebassiste Alec Dank¬worth (héritier d'une noble tradition du jazz anglais) et le percussionniste ghanéen Abass Dodoo. Pour du jazz transi d'une africanité à la fois naïve, sophistiquée et rigoureuse, l'absence d'instrument harmonique s'imposait. En reprenant des standards du jazz moderne comme « St. Thomas », de Sonny Rollins, et « Footprints », de Wayne Shorter, ou des thèmes à lui, Ginger Baker réussit à donner à sa version african-british du jazz une fraîcheur revigorante. (Michel Contat, Télérama)
Ginger Baker, un afro-jazz teigneux, vigoureux et sans concessions. Hargneux et rugueux, de l'afro-jazz joué par un vétéran du rock.
Il y a quelques décennies, au sein du trio de blues-rock psychédélique Cream puis du groupe Blind Faith, Ginger Baker était devenu le musicien emblématique des solos de batterie interminables. Mais il y a prescription : toujours batteur et désormais âgé de 74 ans, Ginger Baker joue du jazz. Mais pas du jazz à papa : visez cette gueule, son disque (le premier en seize ans) sonne pareil. Ginger Baker a fréquenté Fela et son batteur Tony Allen. Toute cette histoire s'entend dans son album. En formation réduite (saxophone, basse, percus), sur des thèmes classiques (« Why ? » reprend la mélodie centenaire du gospel « Wade in the Water »), Ginger Baker donne le tempo complexe d'un afro-jazz teigneux, vigoureux et sans concessions. Rien de révolutionnaire dans ce disque de rythmes aux pouvoirs vaudous, mais pas un gramme de graisse, de « bullshit » ni de nostalgie. (Stéphane Deschamps, Les Inrocks)
Ginger Baker, Charlie Watts, Mitch Mitchell, les amateurs de jazz bouclés dans leur culture exclusive peuvent les ignorer. Et pourtant. Ces trois Britanniques sont les batteurs rock des sixties les plus révérant à l'égard du jazz. Chacun a contribué à la puissance de son groupe : Ginger Baker (né en 1939) dans ce power trio forcené que fut Cream ; Charlie Watts (né en 1941) avec les Rolling Stones ; Mitch Mitchell avec The Jimi Hendrix Experience...
Le cas Ginger Baker est très différent : avec Cream, aux côtés d'Eric Clapton et de Jack Bruce, il fut un batteur sauvage. Le trio communiait avec l'énergique tuerie free, comme on peut le (re)découvrir, non sans stupeur, dans « Disraeli Gears » (1967). La conversion du batteur fou au world jazz date des années 1970 : il a vécu durant six ans au Nigeria, s'y est initié à fond aux subtilités des rythmes africains. « Why ? » résulte d'une tournée faite en 2013 avec le saxophoniste ténor funk Pee Wee Ellis, ex-membre de l'orchestre de James Brown, le contrebassiste Alec Dank¬worth (héritier d'une noble tradition du jazz anglais) et le percussionniste ghanéen Abass Dodoo. Pour du jazz transi d'une africanité à la fois naïve, sophistiquée et rigoureuse, l'absence d'instrument harmonique s'imposait. En reprenant des standards du jazz moderne comme « St. Thomas », de Sonny Rollins, et « Footprints », de Wayne Shorter, ou des thèmes à lui, Ginger Baker réussit à donner à sa version african-british du jazz une fraîcheur revigorante. (Michel Contat, Télérama)
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