Mercredi 24/10/2018

Festival Jazz Sur Seine
Mer 24 Oct 2018 : Keyon Harrold
Keyon Harrold
Trompette
Romain Pilon
Guitare
Brett Williams
Piano
Burniss Travis
Basse
Charles Haynes
Batterie
Andrea Pizziconi
Voix

Keyon Harrold

Dernier album : "The Mugician"
Jazz

Il est « l'avenir de la trompette », selon l'illustre Wynton Marsalis. Quand virtuosité et créativité se croisent, ça donne Keyon Harrold, trompettiste hors norme qui réussit à faire vibrer le jazz au-delà des frontières du genre, entre électro, R&B, blues et hip-hop. Affichant une feuille de route impressionnante comptant des collaborations avec les JAY-Z et Beyoncé ainsi que les Gregory Porter ou Gary Clark Jr...

= Ils en parlent =
Originaire de la ville de Missouri où Michael Brown fut abattu par un policier, le musicien a longtemps accompagné les stars comme Jay-Z, Rihanna et Eminem.
Le 9 août 2014, Michael Brown, un Afro-Américain de 18 ans, est abattu de six balles tirées par un policier alors que, affirment deux témoins, il avait les mains en l'air. Des manifestations pacifiques et des émeutes secouent la ville pendant quinze jours, puis de nouveau trois mois plus tard quand un grand jury, majoritairement composé de Blancs, décide de ne pas inculper le policier. Nous sommes à Ferguson, une petite agglomération du Missouri, qui symbolise désormais la recrudescence des tensions raciales aux Etats-Unis. Le trompettiste Keyon Harrold est né à Ferguson, en 1980. Il y a grandi, avant de déménager à New York pour faire carrière entre jazz et hip-hop. Le jour de la mort de Michael Brown, il était en tournée avec le chanteur Maxwell, star du R&B. Sur le téléviseur du bus, CNN répétait le nom de Ferguson en boucle : « J'ai tout de suite réalisé que j'aurais pu être à la place de Michael Brown, relate Keyon Harrold. Ayant grandi à Ferguson, je connais le racisme systémique, les injustices récurrentes et les brutalités policières que subissent les jeunes hommes noirs. Moi aussi, j'ai été arrêté sans raison. Et je souffre de voir que les choses ne changent pas. Qui sait si mon fils ou mes neveux ne seront pas les prochains Michael Brown ? »

Une carrière qui décolle grâce au hip-hop
Peu de temps après le drame, Keyon Harrold a écrit un instrumental, « MB Lament ». « C'est une ode à Michael Brown mais aussi à tous les jeunes hommes noirs abattus sans motif, les mains en l'air », explique-t-il en se définissant comme un musicien activiste : « Des gens doivent se dresser et dire que ça suffit. Je veux faire partie de cette solution. »« MB Lament » figure sur son récent album, The Mugician, successeur de son premier disque (Introducing Keyon Harrold) qui date de 2009. Un nouveau départ pour le trompettiste baigné dans la musique depuis son plus jeune âge, au sein de l'église de ses parents, et parmi ses quinze frères et soeurs qui jouaient tous d'un instrument dans les réunions de famille (Emanuel Harrold, par exemple, est aujourd'hui le batteur de Gregory Porter). « A 6 ans, je m'entrainais huit à dix heures par jour sur des musiques de Count Basie ou Tito Puente. A 11 ans, je ne jurais que par Lee Morgan, Miles Davis, Clifford Brown, Booker Little et Clark Terry. A 13 ans, j'avais décidé que je serai trompettiste professionnel toute ma vie. » Alors qu'il est encore adolescent, au cours d'un stage, il noue une amitié avec le pianiste Robert Glasper, le saxophoniste Terrace Martin et le contrebassiste Brandon Owens, futures pointures comme lui, tous présents sur The Mugician. A 18 ans, il suit des études de jazz à la New School de New York et écume les clubs (Smalls, Birdland, Knitting Factory) avec les musiciens de sa génération (Leron Thomas, Marcus et E.J. Strickland, Mike Moreno, Rodriguez Brothers).
"A chaque nouveau projet, j'observais les interactions entre l'artiste et le producteur, entre le compositeur et les instrumentistes"
Pourtant, sa carrière ne décolle pas dans le jazz mais dans le hip-hop. Le rappeur Common, qui avait recruté le trompettiste Roy Hargrove pour son album Like Water for Chocolate (2000), lui cherche un remplaçant pour partir en tournée. Auditionné, Keyon Harrold décroche son premier boulot à 20 ans. Beaucoup de collaborations suivront. Il énumère : « J'ai eu la chance d'enregistrer et de tourner avec Jay-Z, Beyoncé, Rihanna, Eminem, Mary J. Blige, Erykah Badu... certains des plus grands artistes au monde. J'ai participé à des centaines d'albums, parce que c'est tout ce que j'aime. A chaque nouveau projet, j'observais les interactions entre l'artiste et le producteur, entre le compositeur et les instrumentistes. J'ai beaucoup appris et ça a contribué au développement de ma personnalité artistique. » En 2015, Robert Glasper l'appelle naturellement pour souffler sur la B.O. de Miles Ahead, le biopic de Don Cheadle sur Miles Davis. En pleine ascension, il doit finaliser son deuxième album, enregistré 80 % et sauvegardé dans son ordinateur et sept disques durs externes. Un jour de déménagement, après une rupture sentimentale, il embarque ce matériel dans sa voiture et stationne sur la Cinquième avenue, où des voleurs fracturent le coffre. Tout disparaît. « J'ai subi ce que l'on appelle la "loi de Murphy" : tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera mal. Restaient deux solutions : soit je tombais en dépression, soit je repartais de l'avant en écrivant de nouvelles musiques. Dieu ne voulait pas que cet album sorte ? Il devait avoir de bonnes raisons. Alors, j'ai fait le vide dans ma tête et dans ma vie. J'ai clos un chapitre et j'en ai ouvert un autre. » (Eric Delhaye, Télérama)

Trompettiste qui a accompagné sur disque ou lors de tournées des vedettes du r'n'b, du hip hop ou de la soul actuelle (Jay-Z, Beyoncé, Rihanna, Eminem, Mary J. Blige, Erykah Badu, Maxwell, Common...) mais qui a aussi fait son apprentissage dans des formations de jazz de grande rigueur (le Count Basie Orchestra, les groupes de Roy Hargrove, Billy Harper...), Keyon Harrold, né en 1980, a fait ses débuts dans les années 2000. C'est pourtant ces derniers temps qu'il suscite l'excitation dans la presse musicale aux Etats-Unis, au rayon des « nouveaux artistes sur lesquels il faudra compter », en raison de la sortie, fin septembre 2017, d'un deuxième album en leader, « The Mugician » (Mass Appeal Records-Legacy/Sony Music). On y entend un son de trompette qui rappelle celui de Miles Davis, des croisements entre le jazz, le rock, le funk, le reggae, le rap, des arrangements de cordes, avec de nombreux invités dont Gary Clark Jr., Bilal et Robert Glasper.... (Sylvain Siclier, Le Monde)

Production : New Morning

Il est « l'avenir de la trompette », selon l'illustre Wynton Marsalis. Quand virtuosité et créativité se croisent, ça donne Keyon Harrold, trompettiste hors norme qui réussit à faire vibrer le jazz au-delà des frontières du genre, entre électro, R&B, blues et hip-hop. Affichant une feuille de route impressionnante comptant des collaborations avec les JAY-Z et Beyoncé ainsi que les Gregory Porter ou Gary Clark Jr...

= Ils en parlent =
Originaire de la ville de Missouri où Michael Brown fut abattu par un policier, le musicien a longtemps accompagné les stars comme Jay-Z, Rihanna et Eminem.
Le 9 août 2014, Michael Brown, un Afro-Américain de 18 ans, est abattu de six balles tirées par un policier alors que, affirment deux témoins, il avait les mains en l'air. Des manifestations pacifiques et des émeutes secouent la ville pendant quinze jours, puis de nouveau trois mois plus tard quand un grand jury, majoritairement composé de Blancs, décide de ne pas inculper le policier. Nous sommes à Ferguson, une petite agglomération du Missouri, qui symbolise désormais la recrudescence des tensions raciales aux Etats-Unis. Le trompettiste Keyon Harrold est né à Ferguson, en 1980. Il y a grandi, avant de déménager à New York pour faire carrière entre jazz et hip-hop. Le jour de la mort de Michael Brown, il était en tournée avec le chanteur Maxwell, star du R&B. Sur le téléviseur du bus, CNN répétait le nom de Ferguson en boucle : « J'ai tout de suite réalisé que j'aurais pu être à la place de Michael Brown, relate Keyon Harrold. Ayant grandi à Ferguson, je connais le racisme systémique, les injustices récurrentes et les brutalités policières que subissent les jeunes hommes noirs. Moi aussi, j'ai été arrêté sans raison. Et je souffre de voir que les choses ne changent pas. Qui sait si mon fils ou mes neveux ne seront pas les prochains Michael Brown ? »

Une carrière qui décolle grâce au hip-hop
Peu de temps après le drame, Keyon Harrold a écrit un instrumental, « MB Lament ». « C'est une ode à Michael Brown mais aussi à tous les jeunes hommes noirs abattus sans motif, les mains en l'air », explique-t-il en se définissant comme un musicien activiste : « Des gens doivent se dresser et dire que ça suffit. Je veux faire partie de cette solution. »« MB Lament » figure sur son récent album, The Mugician, successeur de son premier disque (Introducing Keyon Harrold) qui date de 2009. Un nouveau départ pour le trompettiste baigné dans la musique depuis son plus jeune âge, au sein de l'église de ses parents, et parmi ses quinze frères et soeurs qui jouaient tous d'un instrument dans les réunions de famille (Emanuel Harrold, par exemple, est aujourd'hui le batteur de Gregory Porter). « A 6 ans, je m'entrainais huit à dix heures par jour sur des musiques de Count Basie ou Tito Puente. A 11 ans, je ne jurais que par Lee Morgan, Miles Davis, Clifford Brown, Booker Little et Clark Terry. A 13 ans, j'avais décidé que je serai trompettiste professionnel toute ma vie. » Alors qu'il est encore adolescent, au cours d'un stage, il noue une amitié avec le pianiste Robert Glasper, le saxophoniste Terrace Martin et le contrebassiste Brandon Owens, futures pointures comme lui, tous présents sur The Mugician. A 18 ans, il suit des études de jazz à la New School de New York et écume les clubs (Smalls, Birdland, Knitting Factory) avec les musiciens de sa génération (Leron Thomas, Marcus et E.J. Strickland, Mike Moreno, Rodriguez Brothers).
"A chaque nouveau projet, j'observais les interactions entre l'artiste et le producteur, entre le compositeur et les instrumentistes"
Pourtant, sa carrière ne décolle pas dans le jazz mais dans le hip-hop. Le rappeur Common, qui avait recruté le trompettiste Roy Hargrove pour son album Like Water for Chocolate (2000), lui cherche un remplaçant pour partir en tournée. Auditionné, Keyon Harrold décroche son premier boulot à 20 ans. Beaucoup de collaborations suivront. Il énumère : « J'ai eu la chance d'enregistrer et de tourner avec Jay-Z, Beyoncé, Rihanna, Eminem, Mary J. Blige, Erykah Badu... certains des plus grands artistes au monde. J'ai participé à des centaines d'albums, parce que c'est tout ce que j'aime. A chaque nouveau projet, j'observais les interactions entre l'artiste et le producteur, entre le compositeur et les instrumentistes. J'ai beaucoup appris et ça a contribué au développement de ma personnalité artistique. » En 2015, Robert Glasper l'appelle naturellement pour souffler sur la B.O. de Miles Ahead, le biopic de Don Cheadle sur Miles Davis. En pleine ascension, il doit finaliser son deuxième album, enregistré 80 % et sauvegardé dans son ordinateur et sept disques durs externes. Un jour de déménagement, après une rupture sentimentale, il embarque ce matériel dans sa voiture et stationne sur la Cinquième avenue, où des voleurs fracturent le coffre. Tout disparaît. « J'ai subi ce que l'on appelle la "loi de Murphy" : tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera mal. Restaient deux solutions : soit je tombais en dépression, soit je repartais de l'avant en écrivant de nouvelles musiques. Dieu ne voulait pas que cet album sorte ? Il devait avoir de bonnes raisons. Alors, j'ai fait le vide dans ma tête et dans ma vie. J'ai clos un chapitre et j'en ai ouvert un autre. » (Eric Delhaye, Télérama)

Trompettiste qui a accompagné sur disque ou lors de tournées des vedettes du r'n'b, du hip hop ou de la soul actuelle (Jay-Z, Beyoncé, Rihanna, Eminem, Mary J. Blige, Erykah Badu, Maxwell, Common...) mais qui a aussi fait son apprentissage dans des formations de jazz de grande rigueur (le Count Basie Orchestra, les groupes de Roy Hargrove, Billy Harper...), Keyon Harrold, né en 1980, a fait ses débuts dans les années 2000. C'est pourtant ces derniers temps qu'il suscite l'excitation dans la presse musicale aux Etats-Unis, au rayon des « nouveaux artistes sur lesquels il faudra compter », en raison de la sortie, fin septembre 2017, d'un deuxième album en leader, « The Mugician » (Mass Appeal Records-Legacy/Sony Music). On y entend un son de trompette qui rappelle celui de Miles Davis, des croisements entre le jazz, le rock, le funk, le reggae, le rap, des arrangements de cordes, avec de nombreux invités dont Gary Clark Jr., Bilal et Robert Glasper.... (Sylvain Siclier, Le Monde)


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