Mardi 08/03/2016
Voix
Boris Grebenshikov
Comment présenter celui qu'on appelle « le plus grand poète-chanteur russe vivant » ?
Boris Grebenshikov est né à St.Pétersbourg l'année de la mort de Joseph Staline. Enfance dans les années du dégel khrouchtchévien, jeunesse durant l'ère brejnévienne, glaciale. Et toujours la vie grise autour. La vie soviétique. Mais, entre-temps, un événement s'est produit ailleurs et le jeune Boris entend son écho. Ce sont les voix des Beatles, célestes, portés par les ondes brouillées de « La Voix de l'Amérique », qui, selon lui, lui ont « montré le chemin ». Un chemin menant ailleurs.
Grebenshikov n'a pas été le premier russe séduit par cette « perversion bourgeoise », absente de magasins soviétiques, qu'était le rock. Il n'a pas été le premier à chanter, clandestinement, du rock en langue russe. Mais il a été le premier qui a réussi à capter tout un esprit de son temps présent ailleurs, au-delà du rideau de fer. Il est le premier qui a su adapter toute une esthétique « rock », dans le sens très large, aux spécificités de la culture soviétique. Il est, à la fois, le Dylan et le Bowie, le Donovan et le Bolan, les Morrisons (Jim et Van) et le Harrison du monde russe. Les soviétiques n'avaient pas le droit de voyager pour voir le monde capitaliste - Grebenshikov, véritablement bilingue, savait lire et écouter. Il connaissait mieux la géographie londonienne des chansons des Kinks que les étudiants anglais slavisants qui lui amenaient leurs disques. Le rock lui a permis les voyages imaginaires en Californie psychédélique et en Inde, en Jamaïque et en Afrique, dans monde celte et le monde bouddhiste. Tout comme Pouchkine, le poète national russe, au 19eme siècle, Grebenshikov, le poète chantant russe d'aujourd'hui, a joué un sacré rôle d'interprète des cultures étrangères en Russie. Mais pas uniquement.
Il existe encore un monde auquel il appartient- le monde russe. Pas soviétique, mais russe, caché par le soviétisme. Tout un monde qu'il a fallu redécouvrir. Très jeune, il est tombé sous le charme aristocratique d'un chanteur russe du début du 20eme siècle, Alexandre Vertinski. Il a beaucoup écouté Boulat Okoudjava – un véritable esthète de la mélodie et du verbe. Les paroles de chansons de Grebenshikov, marquées également par la poésie des Symbolistes russes sont des véritables jungles paradisiaques pour les archéologues de la culture ! Grebenshikov mélange savamment le taôisme et les citations bibliques, Tolkien et Dylan, les Monty Python et la grande littérature russe... Les mots ne servent pas uniquement à définir, car définir équivaut à abroger. En bon symboliste qu'il est, pour Grebenshikov chaque mot est une porte, une fenêtre ouverte. Alliés à la mélodie et le rythme, les mots élargissent le champ de vision de celui qui les écoute, l'amènent à travers des frontières insoupçonnables.
Ces dernières années Grebenshikov ne voyage plus uniquement dans sa tête, il met les pieds sur des terres inaccessibles, inimaginables d'accès il y a encore 25 ans, mais tant rêvées. On retrouve « le Bob Dylan russe » aux Etats-Unis, entouré par les musiciens du groupe qui accompagnait « le Bob Dylan américain », The Band. Grebenshikov enregistre en Angleterre avec un orchestre symphonique.
Comment présenter celui qu'on appelle « le plus grand poète-chanteur russe vivant » ?
Boris Grebenshikov est né à St.Pétersbourg l'année de la mort de Joseph Staline. Enfance dans les années du dégel khrouchtchévien, jeunesse durant l'ère brejnévienne, glaciale. Et toujours la vie grise autour. La vie soviétique. Mais, entre-temps, un événement s'est produit ailleurs et le jeune Boris entend son écho. Ce sont les voix des Beatles, célestes, portés par les ondes brouillées de « La Voix de l'Amérique », qui, selon lui, lui ont « montré le chemin ». Un chemin menant ailleurs.
Grebenshikov n'a pas été le premier russe séduit par cette « perversion bourgeoise », absente de magasins soviétiques, qu'était le rock. Il n'a pas été le premier à chanter, clandestinement, du rock en langue russe. Mais il a été le premier qui a réussi à capter tout un esprit de son temps présent ailleurs, au-delà du rideau de fer. Il est le premier qui a su adapter toute une esthétique « rock », dans le sens très large, aux spécificités de la culture soviétique. Il est, à la fois, le Dylan et le Bowie, le Donovan et le Bolan, les Morrisons (Jim et Van) et le Harrison du monde russe. Les soviétiques n'avaient pas le droit de voyager pour voir le monde capitaliste - Grebenshikov, véritablement bilingue, savait lire et écouter. Il connaissait mieux la géographie londonienne des chansons des Kinks que les étudiants anglais slavisants qui lui amenaient leurs disques. Le rock lui a permis les voyages imaginaires en Californie psychédélique et en Inde, en Jamaïque et en Afrique, dans monde celte et le monde bouddhiste. Tout comme Pouchkine, le poète national russe, au 19eme siècle, Grebenshikov, le poète chantant russe d'aujourd'hui, a joué un sacré rôle d'interprète des cultures étrangères en Russie. Mais pas uniquement.
Il existe encore un monde auquel il appartient- le monde russe. Pas soviétique, mais russe, caché par le soviétisme. Tout un monde qu'il a fallu redécouvrir. Très jeune, il est tombé sous le charme aristocratique d'un chanteur russe du début du 20eme siècle, Alexandre Vertinski. Il a beaucoup écouté Boulat Okoudjava – un véritable esthète de la mélodie et du verbe. Les paroles de chansons de Grebenshikov, marquées également par la poésie des Symbolistes russes sont des véritables jungles paradisiaques pour les archéologues de la culture ! Grebenshikov mélange savamment le taôisme et les citations bibliques, Tolkien et Dylan, les Monty Python et la grande littérature russe... Les mots ne servent pas uniquement à définir, car définir équivaut à abroger. En bon symboliste qu'il est, pour Grebenshikov chaque mot est une porte, une fenêtre ouverte. Alliés à la mélodie et le rythme, les mots élargissent le champ de vision de celui qui les écoute, l'amènent à travers des frontières insoupçonnables.
Ces dernières années Grebenshikov ne voyage plus uniquement dans sa tête, il met les pieds sur des terres inaccessibles, inimaginables d'accès il y a encore 25 ans, mais tant rêvées. On retrouve « le Bob Dylan russe » aux Etats-Unis, entouré par les musiciens du groupe qui accompagnait « le Bob Dylan américain », The Band. Grebenshikov enregistre en Angleterre avec un orchestre symphonique.
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